Les origines du CIVC

CIVC Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne  

Selon le CNDP Centre National de Documentation Pédagogique, et le CRDP de Reims (voir ce site):

En mai-juin 1940, la défaite de la France et l'occupation du territoire champenois interviennent alors que les professionnels de la viticulture et du champagne, confrontés depuis la fin du XIXe siècle à toute une série de crises, sont en train, pour y faire face, de surmonter leurs tensions internes et de s'organiser.

Les prélèvements allemands de champagne furent dès le début de l'Occupation d'un niveau élevé. Selon un document du Commissariat à l'Intérieur du Comité français de libération daté de 1943, les prélèvements auraient représenté un peu plus des deux tiers de la production commercialisée à l'issue de la campagne 1940-1941, une production que le Bureau des statistiques du ministère de l'Agriculture a évaluée en septembre 1944 à 20 261 750 bouteilles.


À Épernay, le 10 juillet 1941, René Bousquet Préfet de la Marne assista à l'assemblée générale annuelle du Syndicat général des vignerons présidé par Gaston Poittevin, qui avait été député radical-socialiste de la Marne de 1919 à 1936. Devant les délégués de la Champagne viticole venus de la Marne, de l'Aube et de l'Aisne, le secrétaire général Maurice Doyard annonça la naissance du Comité interprofessionnel du vin de Champagne ( CIVC ), créé par la loi du 12 avril 1941.


Tous les membres du CIVC furent choisis par le ministre secrétaire d'État à l'Agriculture dans les organisations professionnelles ou syndicales existantes dont les instances firent des propositions. Les compétences du CIVC, définies dans la loi du 12 avril 1941, correspondaient assez bien à ce que revendiquaient les représentants des vignerons et des négociants qui siégeaient depuis 1935 dans la Commission de la Champagne délimitée, et dont étaient issus la plupart des responsables professionnels nommés à la tête du CIVC.
Ainsi, le CIVC qui aujourd'hui encore joue un rôle important dans l'économie champenoise, est né curieusement de la rencontre entre la situation créée par l'importance des prélèvements allemands, le souci des professionnels de répondre à cette demande tout en préservant les intérêts champenois, leur volonté de faire aboutir une réorganisation de la profession qu'ils réclamaient depuis longtemps avec insistance, les projets corporatistes et dirigistes des technocrates de Vichy, et enfin la bonne connaissance de ce dossier qu'avait acquise René Bousquet, lors de son passage au ministère de l'Agriculture aux côtés du ministre Cathala avant la guerre.

Selon un document du Commissariat à l'Intérieur du Comité français de libération daté de 1943, les prélèvements auraient représenté un peu plus des deux tiers de la production commercialisée à l'issue de la campagne 1940-1941, une production que le Bureau des statistiques du ministère de l'Agriculture a évaluée en septembre 1944 à 20 261 750 bouteilles

En 1991 dans le Bulletin d'information du CIVC, un article non signé intitulé " Le cinquantenaire du CIVC ", récusait le parrainage du régime de Vichy, faisait totalement l'impasse sur celui du préfet Bousquet, et présentait la loi du 12 avril 1941 comme un simple « texte législatif de reconnaissance » habilement imposé par les Champenois « contre la volonté de l'autorité publique » en profitant des « défaillances de l'appareil administratif ». Selon cet article, l'idée interprofessionnelle serait née à la fin des années 1930, dans les travaux d'économistes « soucieux de trouver une troisième voie entre un capitalisme défaillant et un socialisme inquiétant » ; les fondateurs du CIVC « ne revendiquaient aucune doctrine » et se seraient simplement efforcés de faire preuve de « pragmatisme », et de renouer avec le « solidarisme » que prônait Léon Bourgeois sénateur radical de la Marne avant la Première Guerre mondiale .


Hervé Malherbe considère au contraire qu'on retrouve bien dans la structure du CIVC et dans son mode de fonctionnement, « les critères idéologiques de l'État français basés sur la corporation, qui méconnaît la démocratie de base ». En même temps, il récuse toute parenté entre le CIVC qui, malgré son nom, correspondait bien à une Corporation du Champagne, et l'organisation interprofessionnelle que les socialistes marnais, avec leur député Henri Martin, appelaient de leurs vœux à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Pendant la guerre, la champagne produit sans relache comme sur cette vidéo à Hautvillers.